Anticiper et accompagner l’adaptation de ces métiers, c’est assurer leur pérennité ; tel est l’enjeu de leur responsable hiérarchique.
Si toutes les professions s’adaptent bon gré mal gré aux évolutions de notre société française, il est des métiers qui connaissent depuis le début des années 2000 une nécessité d’adaptation accélérée. Il s’agit des métiers en lien direct avec les besoins de services du grand public. Anticiper et accompagner l’adaptation de ces métiers, c’est assurer leur pérennité. Pour ce faire, leurs responsables hiérarchiques disposent de différents « outils » en matière de gestion des ressources humaines, au premier rang desquels figure la formation. Observer des changements dans l’évolution de ce que la science économique appelle « la demande sur le marché » doit également le conduire à s’interroger sur ses modalités de recrutement (critères et circuit). Enfin, il est opportun d’instaurer des moments de réflexion collective sur les adaptations du métier, qui seront formalisées dans les fiches de poste.
Prenons un exemple, tiré d’un secteur qui ne connaît pas la crise, celui des services de l’aide à domicile. Les premières « travailleuses familiales » reconnues en qualité de profession apparaissent à l’après-guerre. Leur activité a rapidement dépassé le simple entretien domestique pour devenir, par un décret publié en 1949, une profession sociale à part entière, requérant 4 mois de formation. Les efforts de reconnaissance professionnelle débouchent en 1980 sur la création d’un titre professionnel reconnu par l’Etat. Les évolutions sociétales de ce début de siècle (hausse du taux d’activité de la femme, vieillissement de la population, « individualisation » des familles, etc.) combinées aux mesures gouvernementales incitatives (en particulier le plan Borloo en 2005) ont rapidement conduit à la démultiplication et à la professionnalisation des métiers sur ce secteur. Il existe à ce jour 17 diplômes ou titres de l’aide à la personne recensés au registre national des certifications professionnelles, depuis le titre d’ « employé familial polyvalent » jusqu’au diplôme d’Etat de la « technicienne d’intervention sociale et familiale ». La reconnaissance de compétences propres aux métiers de service à la personne a été acquise au prix d’une lutte acharnée, notamment à l’encontre de la conception, trop répandue dans l’opinion publique, de « sous métiers ». Le personnel d’encadrement a, depuis plusieurs années, modifié son circuit et ses critères de recrutement, passant du bouche à oreilles aux réseaux spécialisés et en relevant son niveau d’exigence de qualification. Pour s’adapter à un secteur désormais fortement concurrentiel, il a multiplié les dispositifs de formation professionnelle, soit en ayant recours à des organismes externes, soit en instaurant, en interne, des accompagnements individualisés. Il exige désormais de ces professionnel(le)s du travail familial qu’ils ou elles soient capables de mener des actions collectives, à savoir qui s’adressent simultanément à plusieurs familles.
Aujourd’hui, c’est sur le terrain de la reconnaissance professionnelle par une amélioration des conditions salariales que les représentants des métiers de l’aide à la personne se battent (niveau de salaire, horaires, sécurité sociale) car ce secteur d’activité a atteint un niveau de maturité tel qu’un « prix de marché » de l’intervention, admis par tous, se dégage de manière stable. Désormais, c’est sur la qualité de la prestation, donc sur la capacité des professionnel(le)s à s’adapter aux besoins du public, que se fait la différence.
Elodie Lestrat, consultante
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