D’ici fin 2019, ISBL consultants amorcera un virage dans son approche de la vie associative en consacrant l’essentiel de son action informative sur la question de l’entrepreneuriat « à but non lucratif ». Il s’agira désormais de promouvoir le modèle économique associatif comme un véritable mode d’entreprise alternatif et, d’une manière générale, l’Économie sociale et solidaire en tant que force de transformation susceptible de répondre aux défis sociaux et environnementaux de demain.
Une démarche d’information librement accessible aux ISBL
Depuis 2006, une quinzaine d’experts acceptent d’informer bénévolement les institutions sans but lucratif (ISBL), contribuant ainsi à construire une base de données librement accessible pour tous. Issus de formations diverses, ces spécialistes ont axé leurs contributions vers trois domaines : les associations, les fondations/fonds de dotation (mécénat), et le sport. L’idée principale de cette démarche consistait à révéler au grand public l’importance du rôle joué par ces secteurs dans la création de la richesse nationale, de leur contribution à l’intérêt général, mais également à expliciter la palette d’outils dont disposent les associations, les fondations et autres ISBL pour optimiser et donc pérenniser dans le temps leurs actions d’intérêt général ou d’utilité sociale[1].
En 2014, une quatrième rubrique est venue enrichir la démarche d’ISBL consultants : l’Économie sociale et solidaire (ESS) après la promulgation de la loi du 31 juillet 2014[2]pour laquelle il a d’ailleurs été largement mis à contribution par le Gouvernement de l’époque.
Plus de 10 ans après, grâce à ses newsletters mensuelles gratuites, ISBL consultants a ainsi permis la mise en ligne de près de 2.500 articles. Avec ses différents partenaires, il s’est donné pour objectif de crédibiliser l’importance du rôle joué par ces différents acteurs « à but non lucratif », en tentant de les sortir de l’ « ornière » strictement philanthropique – à moins qu’elle ne soit idéologique – et ainsi démontrer qu’une autre économie est possible.
Aujourd’hui, fort de ses 500.000 visiteurs annuels, l’Institut ISBL entend bien continuer à démontrer qu’entreprendre constitue par essence une démarche plurielle, que le secteur associatif aux côtés de l’État et du Marché peut contribuer à solutionner les grands défis de demain, que l’ESS est capable d’apporter une réponse crédible aux revendications diverses et variées exprimées récemment.
L’urgence, comme contrainte immédiate
« Le capitalisme est en train de détruire la planète ». C’est en ces termes que Yann Arthus-Bertrand[3] s’exprimait récemment, faisant écho à un certain nombre de revendications récentes (gilets jaunes, marche pour le climat…) pour plus de démocratie (participative), plus de pouvoir d’achat, de justice sociale et exigeant des mesures urgentes pour solutionner la problème climatique auquel nous sommes actuellement confrontés. Pour cela, les efforts en vue de promouvoir l’ESS comme force de transformation sociale doivent être décuplés. Notre temps est désormais compté pour remporter la bataille idéologique qui se profile entre les tenants du « vieux » et ceux du « nouveau » monde.
Une démarche partagée
Si le fait associatif doit résolument demeurer unique et indivisible, il en va de même des instances représentatives du secteur de l’ESS et du monde associatif. Aujourd’hui, c’est donc à l’unissons que nous devons porter cette idée que l’association peut servir de creuset à l’entreprise de demain[4]. Sur ce point, nous sommes satisfaits de constater que le Haut Conseil à la vie associative consacre son dernier rapport sur le rôle et la place des associations dans le contexte nouveau des modèles d’entreprise. Même si les propositions formulées à cette occasion ne concourent pas à expliciter les différences d’approches entre activité économique et activité commerciale (ou lucrative)[5] – ce qui constitue pourtant un élément fondamental pour justifier la place des associations dans le secteur économique et entrepreneurial – ces travaux permettent néanmoins d’apporter un éclairage sur le rôle que le secteur associatif sera probablement appelé à jouer dans les années au sein de notre économie comme sur les difficultés liées à la coexistence de l’ESS avec l’entrepreneuriat social.
L’entrée massive des associations dans la sphère économique est désormais inéluctable[6]. Non pas uniquement pour réparer un système économique et politique défaillant (le capitalisme) mais pour s’y substituer. Bien entendu, s’il s’agit là d’un parti pris largement assumé, il nous apparaît toutefois important de préciser que toute association n’a pas vocation à investir la sphère économique et par conséquent à amorcer ce virage entrepreneurial. La plupart d’entre elles continueront à mobiliser des ressources simplement à partir des cotisations versées par leurs membres et n’auront recours à aucun salarié. D’autres, à l’inverse, seront probablement appelées à devenir le fer de lance de cette « autre économie », laquelle s’affirme de jour en jour comme une véritable alternance[8].
L’Institut ISBL, un laboratoire d’idées pour un changement d’échelle de l’ESS
D’ici fin 2019, l’Institut ISBL abordera donc une nouvelle étape de son développement. Laissant à sa filiale ISBL consultants le soin de divulguer ses travaux sous la forme de conférences ou de formations, l’Institut ISBL constitué sous la forme d’une association loi 1901, renforcera son action pour contribuer activement à la transformation sociale, politique et économique que l’ESS appelle de ses vœux depuis maintenant de nombreuses années. Dans un premier temps, ces changements que nous vous présentons aujourd’hui se traduiront par l’ouverture d’un nouveau site internet, mieux adapté à la démarche de laboratoire d’idées que l’Institut ISBL souhaite initier. Dans un second temps, il s’agira d’ouvrir son fonctionnement à l’ensemble des internautes souhaitant adhérer à notre mouvement.
Aussi, l’Institut ISBL lance un appel à la mobilisation et interpelle celles et ceux qui, issus d’horizons divers, partagent sa vision et souhaitent agir concrètement en faveur d’un réel changement d’échelle de l’ESS.
Institut ISBL
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Notes:
[1]C. Amblard, Utilité sociale, intérêt général, utilité publique : comment optimiser son modèle économique associatif ? Juris-associations, 15 oct. 2016, n°546 p. 24-26
[2]L. 2014-856 du 31 juill. 2014 relative à l’économie sociale et solidaire (JO du 1eraoût)
[3]Photographe, auteur de La terre vue du ciel, Président de la fondation GoodPlanet
[4]C. Amblard, Plaidoyer en faveur de l’entreprise associative, Juris-associations, 1erjuill. 2018, n°582, p. 35-37 ; voir égal. du même auteur L’Association holding : l’entreprise du futur ?, Juris-associations, 1eroct. 2015, n°525, p. 37-39
[5]C. Amblard, Activités économiques et commerciales des associations, Lamy associations, Etude 246
[6]V. Tchernonog, Le paysage associatif français, mesures et évolutions, 3èmeéd. Juris-associations hors-série, mai 2019 ; voir égal. C. Amblard, Le « boom » des recettes d’activités : quelles conséquences pour le secteur associatif ? in Le paysage associatif français,ibidum
[7]C. Amblard, La gouvernance des entreprises associatives, éd. Juris-associations hors-série, sortie prévue le 28 août 2019
[8]Dans son dernier ouvrage Colas Amblard, Président de L’INSTITUT ISBL, montre comment certaines associations se sont déjà lancé à l’assaut d’un certain nombre de monopoles capitalistiques jusqu’alors préservés : C. Amblard, La gouvernance des entreprises associatives, éd. Juris-associations hors-série, sortie prévue le 28 août 2019