1/ Non, le bénévolat n’est pas en crise

Après avoir rappelé que le bénévolat est une « forme particulière d’engagement, structurée et organisée, de citoyens consistant à consacrer du temps, sans contrepartie financière, au fonctionnement d’une organisation » (le plus souvent au sein d’une association), la note d’analyse s’attarde sur des chiffres éloqents ; en 2010, la France comptait 16 millions de bénévoles de plus de 18 ans (1).

Ces chiffres viendraient contredire cette idée reçue selon laquelle le bénévolat serait en crise : en effet, l’enquête EPCV « Vie associative », réalisée en 2002, dénombrait 12 millions de bénévoles (soit 26% de la population de 15 ans et plus), tandis que celle réalisée en 2005 par le CES (Enquête sur les associations) évoquait le chiffre de 14 millions de bénévoles (2).

Si l’on en croit ces enquêtes, ce type d’engagement ne serait pas en crise, mais connaîtrait au contraire une croissance rapide et significative au sein de la population française.

Bien plus, ces données ne sont pas contredites par les mutations profondes que connaît incontestablement ce mode d’engagement : la durée de l’engagement au sein d’une même association tend certes à diminuer, mais le volume global de travail continue de croître à un rythme de 5% par an (de 30% en six ans entre 1999 et 2005) (3).

D’après la note d’analyse du CAS, « en 2010, selon l’Eurobaromètre, la France se classait 10ème sur 27 avec 37% de bénévoles parmi les plus de 15 ans ».

2/ Non, le bénévolat n’est pas synonyme d’incompétence

Selon la note d’analyse, l’engagement bénévole associatif est largement corrélé à la catégorie socioprofessionnelle, aux revenus, au diplôme et à l’âge de fin d’études : les cadres moyens et supérieurs arrivent en tête de classement de (52% de taux d’engagement bénévole), tandis que l’augmentation du taux de bénévolat est proportionnelle à l’augmentation du revenu mensuel net (42,2% de taux de bénévolat pour les revenus mensuels compris entre 2400 et 3800 euros contre seulement 24,3% pour ceux inférieurs à 1400 euros).

3/ Non, le bénévolat n’est pas réservé aux « inactifs »

A proportion du taux de bénévolat constaté dans la catégorie socio-professionnelle des cadres (52%), les chômeurs et les retraités sont représentés dans une moindre mesure : respectivement à 23% et 37% « seulement ».

Par ailleurs, les femmes, dont on sait qu’elles s’occupent encore pour une large part des tâches familiales et cumulent très souvent un emploi salarié (ou libéral), s’engagent autant que les hommes (en 2010, 35,5% des hommes faisaient du bénévolat contre 28,5% des femmes) (4).

Enfin, il est également intéressant de constater que le poids des charges familiales ne vient pas contredire l’engagement bénévole puisque le plus fort taux de bénévolat constaté (42,7%) concerne les foyers comprenant au moins 3 enfants (de plus de 3 ans), contre par exemple 31,6% pour les foyers ne comportant aucun enfant.

4/ Non, le bénévolat n’est pas l’apanage d’une classe d’âge (plutôt âgée)

Toutes les classes d’âge sont concernées par le bénévolat. Mais, et encore une fois cela va à l’encontre de certaines idées reçues, il est intéressant de constater que le taux d’engagement bénévole est plus important chez les étudiants (40%) …. que chez les retraités (37%).

Dans un même ordre d’idées, il est tout aussi important de retenir que c’est la classe d’âge des 45 – 54 ans est la mieux représentée dans le bénévolat (approximativement 40%), alors que ce taux ne cesse de décroître à partir de 55 ans.

A titre exhaustif, il convient enfin de souligner que les femmes, les jeunes et les ouvriers continuent d’être les catégories les moins représentées au sein des instances dirigeantes associatives…

En guise de conclusion, l’on peut dire que le portrait-type du bénévole français en 2010 et un cadre quadragénaire, plutôt de sexe masculin, diplômé du supérieur et membre d’une association sportive (24,1%) ou culturelle (18,6%).

De quoi largement contredire, l’image que l’on se fait le plus souvent du bénévolat.

Colas Amblard Directeur des publications

En savoir plus :

CAS, Développer, accompagner et valoriser le bénévolat, note d’analyse n°241, septembre 2011 : voir en ligne

Formation ISBL CONSULTANTS, Connaître et comprendre le secteur associatif, animation : V. Tchernonog (chercheur CNRS) et C. Amblard (Docteur en droit – avocat NPS CONSULTING) : voir en ligne






Notes:

[1] Source : résultats provisoires de L. Prouteau à partir de « l’Enquête sur la vie associative en France en 2010 », ministère des Affaires sociales et de la Santé, Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) et BVA

[2] Source : rapport du groupe de travail « Connaissance des associations » du Conseil national de l’information statistique présidé par Mme Edith Archambault, déc. 2010

[3] Source : V. Tchernonog, enquête CNRS – Matisse / Centre d’économie de la Sorbonne auprès des associations – 2005 – 2006

[4] Source : résultats provisoires de L. Prouteau, ibidum

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