Pour le lancement du nouveau site internet ISBL magazine, nous avons décidé de donner la parole à notre directeur de publication, Maître Colas AMBLARD, afin de faire le point sur ce qui a animé notre équipe d’experts depuis 10 ans et de présenter ce qui constituera notre engagement auprès des institutions sans but lucratifs (ISBL) pour l’avenir. Interview.
Quels sont les objectifs de ce nouveau site ISBL magazine ?
Colas AMBLARD : « Tout d’abord, je tiens à préciser qu’il ne s’agit pas d’une démarche nouvelle, puisqu’en juin 2016 nous fêterons 10 ans de publication ininterrompue. Il s’agit de la troisième version du site internet. Il nous est donc apparu important de poursuivre l’évolution de l’outil porteur de cette démarche afin de répondre, au plus près, aux attentes de nos abonnés. Pour être en capacité de répondre à des besoins émergents dans un monde en constante évolution, nous devons régulièrement nous adapter aux demandes exprimées comme aux évolutions constatées. Néanmoins, nous restons fidèles aux objectifs que nous nous sommes fixés depuis le début : fournir aux ISBL (associations, fondations, fonds de dotations, ESS) et à leurs partenaires (entreprises mécènes, financeurs publics) une information à dominante juridique, fiscale et comptable à la fois fiable et créative ; promouvoir les différents modèles d’entreprise que ces institutions génèrent en contribuant à faire connaître les richesses qu’ils recèlent ; décloisonner les différents secteurs économiques pour construire une société de partage plus démocratique. Informer pour accompagner le changement de paradigme économique (des ISBL), voilà les véritables objectifs que va continuer de poursuivre ISBL magazine. »
Pourquoi ce nouveau positionnement ISBL magazine ?
C.A : « Nous avons décidé de privilégier l’information comme levier de développement de cette économie en devenir. Les experts qui composent notre équipe sont avant tous des praticiens reconnus du monde des ISBL. Ensemble, nous faisons le constat que des informations essentielles circulent difficilement dans les réseaux, malgré la multiplication des moyens de communication (réseaux sociaux, internet…) et le travail très important réalisé par les organismes de représentation. Ce problème a été identifié comme le facteur numéro 1 de résistance au changement. »
ISBL – Pouvez-vous nous donner un exemple concret ?
C.A. : « Actuellement, beaucoup d’associations s’interrogent pour trouver des solutions à la diminution des financements publics qui déséquilibre leurs budgets. A titre d’exemple, le mécénat est encore trop peu connu et donc utilisé par les ISBL. Autre exemple, depuis l’instruction fiscale du 15 septembre 1998, ces dernières peuvent développer des activités lucratives accessoires (sponsoring, buvette, vente de biens et de services divers…) pour un montant désormais fixé à 61.145 € de chiffre d’affaire par année civile sans bouleverser leur statut fiscal d’organisme sans but lucratif. Combien d’entre elles connaissent cette mesure de tolérance ouvrant d’intéressantes perspectives de développement pour les organismes de taille moyenne ? Pour ceux dont la taille est plus importante, bien d’autres solutions peuvent leur permettre de muter vers des modèles économiques plus adaptés. Pour pérenniser leurs engagements, les ISBL doivent s’interroger sur leurs évolutions possibles, en fonction de leur taille et des moyens dont elles disposent. Il ne s’agit pas de dénaturer le sens originel de leur démarche mais simplement de leur donner les moyens de poursuivre leurs actions de façon plus efficace pour conserver une certaine forme d’autonomie. »
Qu’est-ce qui différencie ISBL magazine des autres sites internet ?
C.A. : « Plusieurs aspects de notre démarche différencient ISBL magazine des autres moyens d’information : la gratuité, tout d’abord, que nous allons tenter de préserver au maximum sur la plupart des informations communiquées. Cette information est produite par le biais de l’Institut ISBL consultants qui est lui-même une association Loi 1901. Pour cela, j’en profite pour lancer un appel aux 35.000 abonnés d’ISBL magazine et aux 80.000 visiteurs mensuels pour nous aider à prévoir, dès à présent, les évolutions futures du site internet et à maintenir gratuitement en ligne plus de 3.000 articles dédiés au monde des ISBL. Nous avons l’ambition de créer la plus importante base de données en ligne. Pour cela, nous sommes également à la recherche de partenaires dans les milieux institutionnels (banques, assurances, mutuelles, collectivités territoriales…) susceptibles de nous apporter leur soutien afin que cette plateforme d’informations puisse devenir un outil à disposition de l’ensemble des parties prenantes du monde des ISBL ; la transversalité, ensuite, parce que les problématiques rencontrées dans le cadre de ces nouveaux phénomènes entrepreneuriaux sont infiniment complexes, si l’on veut tout à la fois respecter leur démarche originelle (non lucrative et/ou intérêt général) et pérenniser leur action (ce qui suppose le développement de moyens humains et financiers). Beaucoup d’entre elles vivent encore cette réalité comme une contradiction et c’est précisément sur ce segment que nous souhaitons inter-agir avec les différentes parties prenantes susceptibles de résoudre cette question cruciale à nos yeux ; enfin, réactivité et engagement, sont les marques de fabrique, si je puis dire, d’ISBL magazine puisque ses travaux ont contribué à faire bouger les lignes sur bon nombre de sujets. A postériori, nous nous rendons compte que ses prises de position ont largement contribué à alimenter le débat sur des sujets aussi importants que la circulaire Fillon (remplacée par la circulaire Valls) relative à la procédure de subventionnement des ISBL ou encore l’avènement de la loi du 31 juillet 2014 relative à l’Économie sociale et solidaire puisque nos travaux ont été repris dans les documents préparatoires de ces réformes. Les différentes casquettes de nos experts permettent en amont de déceler les résistances au changement et en aval de diffuser les bonnes pratiques. »
ISBL – Comment les évolutions proposées par ISBL magazine peuvent servir les ISBL ?
C.A. : « La réflexion que nous avons menée avec l’aide de la Société HULA-HOP, notre partenaire, nous a conduit à envisager plusieurs évolutions : la plus significative, en dehors de celles déjà évoquées, consiste à proposer un nouveau service à destination des ISBL dont la vocation principale consiste à servir l’intérêt général : nous avons donc conçu un service de fundraising ou de collecte de dons pour les organismes et les collectivités territoriales désireux de se faire accompagner dans la mise en œuvre de leur politique de mécénat. Par ailleurs, nous avons souhaité élargir notre équipe d’experts pour répondre à l’ensemble des problématiques posées aux ISBL notamment dans les phases de restructuration. Pour cela, nous sommes très heureux d’intégrer, dans un premier temps, la Société OPUS 3 par l’intermédiaire de Xavier ROUSSINET. Une bonne partie du contenu informatif proposé par ISBL magazine porte sur la restructuration des ISBL ainsi que la conduite au changement et, sur ce dernier point, OPUS 3 va nous permettre d’intervenir en amont (gestion de projet) et en aval (évaluation) de la mise en œuvre des nouveaux modèles économiques. D’autres experts sont les bienvenus, notamment parce qu’il nous est également apparu nécessaire d’ouvrir une nouvelle rubrique d’informations spécialement dédiée à l’Économie sociale et solidaire (ESS). Créer une filiale n’est plus l’apanage des grandes entreprises. De plus en plus d’associations recourent à cette technique et celle-ci peut également prendre la forme juridique d’une entreprise d’ESS (coopérative, ESUS…) ou devenir la figure de proue d’une démarche plus globale (C. Amblard, L’association holding : l’entreprise du futur ? Juris-associations, N°525, 1er oct. 2015). La difficulté, encore une fois, consiste à ne pas dénaturer ce qui fait l’essence de ces institutions tout en les aidant à pérenniser leur démarche en optimisant leurs ressources non-monétaires (bénévolat) et monétaires (publiques et privées). Enfin, et pour en terminer sur l’objectif principal d’information, ISBL magazine a décidé d’ouvrir deux éclairages particuliers à des acteurs et des ouvrages susceptibles de créer les conditions d’un dialogue constructif entre les pouvoirs publics, les entreprises commerciales, et les citoyens représentés dans les ISBL. Les conditions d’un renouveau démocratique passent essentiellement par le décloisonnement des acteurs eux-mêmes. Réflexion, information et action seront, pour demain, les trois engagements d’ISBL magazine pris en faveur des ISBL. »
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