La nouvelle édition du bilan de la vie associative, concerne les années 2019-2020 et porte sur la « confiance », valeur intrinsèque et indissociable d’un mouvement associatif et boussole qui oriente ses relations et actions avec tous les acteurs.
Ce 4ème bilan s’inscrit dans la continuité des précédents, et témoigne d’une volonté d’engagement qui ne faiblit d’aucune manière, mais qui ne peut cependant croître que dans une confiance partagée par l’ensemble des acteurs sociétaux, au plus profond des territoires.
Cette confiance, à laquelle nous aspirons, ne nous invite pas seulement à changer le regard que nous portons aux autres, mais aussi de la nourrir d’un contenu.
Évoquer la confiance, dans cette période vouée aux incertitudes, pourrait surprendre, tant cette évocation semble saugrenue, dans un climat où la défiance semble tenir le haut du pavé.
Le monde associatif, n’a pas été épargné par les conséquences de la pandémie qui nous a tous bouleversée dans nos vies dès le début de l’année 2020, tant humainement que financièrement, et ne peut échapper à un nécessaire arbitrage entre les exigences « des projets » et les conditions de leur mise en œuvre.
Plus précisément, et à titre d’exemple, entre un engagement sans failles des seniors auprès des bénéficiaires du projet et les risques encourus par leur plus forte fragilité face à une exposition au virus, mais aussi par la nécessité de garder et de renforcer les liens entre bénévoles et usagers, coute que coute tout en accueillant de nouveaux bénévoles désireux de donner du temps pour aider, dans une logique de solidarité.
Le rapport que nous avons réalisé collectivement au sein du HCVA traite d’une part de la Confiance des associations vis-à-vis des pouvoirs publics, de la confiance des pouvoirs publics vis-à-vis des associations et des modes de conciliations entre les parties.
Les quelques exemples succincts présentés dans le bilan tendent à montrer les relations pas toujours fluides entre les pouvoirs publics et les associations. Beaucoup de choses sont faites certes, mais beaucoup d’autres restent à faire ou à renforcer.
A l’heure où la crise sanitaire semble marquer le pas, on ne peut que constater que le rôle joué par les associations (tous secteurs confondus), notamment auprès des plus démunis, a été déterminant pour maintenir ce qui pouvait encore l’être de la cohésion sociale. Or, si ce rôle a été reconnu par de nombreux observateurs et une grande partie de la population, il n’a, à notre connaissance, pas été salué par les pouvoirs publics à sa juste mesure. Il semble de plus en plus nécessaire que ces relations épisodiques changent de nature et deviennent constantes et systématiques.
Dans cette partie du rapport, le HCVA constate des avancées au profit du secteur associatif, mais aussi des régressions.
A l’occasion du 120ème anniversaire de la loi de 1901 , deux lois ont été promulguées et sont venues conforter un secteur qui en a vraiment besoin. Il faut saluer ces avancées et celles et ceux qui en ont porté les enjeux depuis le début.
D’autres éléments représentent selon le HCVA des régressions. Nous pensons notamment à certains articles de la loi confortant les principes républicains et dont nous attendons le décret prévu en son article 9.
Le bilan aborde également la Confiance de la population envers les associations notamment au cours de l’année 2020 et présente les principaux résultats et enseignements tirés de 3 enquêtes menées pendant la crise sanitaire auprès d’un large éventail d’associations.
Cette édition se fait aussi l’écho de l’année 2020 qui a représenté un moment de déstabilisation pour les associations. Quelques mois auparavant, nul ne pouvait se douter qu’un événement sanitaire d’une telle ampleur bouleverserait la planète, accentuant les inégalités. Le monde associatif n’a pas été épargné par les conséquences de la pandémie, tant humainement que financièrement. Pour autant des 10aine de milliers de concitoyens se sont retournés vers les associations de proximité pour proposer leur aide, reconnaissant en celles-ci la capacité à organiser les actions de solidarité et d’entre-aide.
Face à cette déferlante de propositions, auxquelles les associations n’ont pas toujours pu faire face faute d’accompagnement dédié, il est à remarquer qu’elles ont été inégalement, mais pour certaines fortement, impactées par cette période de coronavirus.
Les plans de relance auraient dû, selon le HCVA , tenir compte de ces nouvelles fragilités pour pouvoir renforcer le secteur associatif dont le rôle fut et reste essentiel dans la période post-crise sanitaire.
Dans cette deuxième partie le HCVA fait des préconisations pour développer l’engagement et le mettre à la portée de toutes et tous, pour développer l’offre d’engagement en diversifiant les modes d’engagement, ainsi que l’intermédiation pour renforcer la capacité d’accueil des associations, ou encore favoriser l’intergénérationel dans les pratiques associatives.
Enfin, Le Haut Conseil à la vie associative s’est beaucoup penché sur la question de la concurrence, qui est également développée dans cette édition. Effectivement, la notion de concurrence apparaît comme un facteur important de perturbation du modèle économique des associations et, par répercussion, comme un accélérateur d’exclusion sociale au-delà des seules personnes pauvres, de personnes pas assez pauvres pour bénéficier pleinement des aides publiques et des mécanismes de répartition sociale et pas assez riches pour accéder aux prestations associatives dont elles auraient pourtant impérativement besoin.
Aujourd’hui, même si les principes de non lucrativité et de non distribution des bénéfices, véritable ADN du secteur associatif continuent de représenter une frontière entre le secteur marchand lucratif et le non marchand non lucratif, cette frontière entre les deux mondes est désormais battue en brèche. Le secteur marchand se positionne de plus en plus sur des terrains traditionnellement investis par le secteur associatif et concurrence ainsi le secteur associatif et met à mal son modèle économique.
Dans cette dernière partie le HCVA présente des pistes pour desserrer la pression sur le secteur associatif
Enfin, au terme de dix années d’existence du Haut Conseil à la vie associative, il a paru instructif de dresser un bilan des principaux rapports, notes et avis produits, et des suites qui leur ont été réservées.
À l’heure où la crise sanitaire se joue des pronostics, insister sur le rôle des associations, notamment auprès des plus démunis, et s’affirmer comme acteur à part entière de l’intérêt général, ne constitue pas pour les associations une marque de distinction, mais une forme de reconnaissance de leur rôle dans la vie sociale, aux côtés d’une diversité d’autres acteurs, publics et privés.
A ce titre, elles ne revendiquent ni privilège, ni monopole d’aucune sorte dans leurs prérogatives d’intervention, mais souhaitent voir prise en compte la spécificité de leur modèle économique fondé sur leur mode de gestion désintéressée et la plus-value sociale et démocratique qui en découle.
Carole Orchampt, Membre du HCVA
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Pour en savoir plus sur le HCVA
Le bilan de la vie associative 2019-2020 est disponible sur le site de la Documentation Française
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