Selon le Rapporteur spécial sur les droits de l’homme et l’extrême pauvreté, Olivier De Schutter, on fait actuellement fausse route en se focalisant sur l’augmentation du PIB, qui n’est pas une condition préalable à la réalisation des droits humains ou à l’élimination de la pauvreté et des inégalités. Le « croissancisme » ne devrait pas nous détourner de l’impérieuse nécessité de fournir davantage de biens et de services propres à améliorer le bien-être et de réduire la production de tout ce qui est superflu, voire toxique. Tant que l’économie restera principalement orientée vers une maximisation des profits, elle répondra à la demande exprimée par les groupes les plus riches de la société, favorisera des formes extractives de production qui aggravent l’exclusion sociale au nom de la création de richesses et ne permettra pas aux personnes pauvres d’exercer leurs droits. La transition d’une économie orientée par la recherche de profits vers une économie orientée par les droits humains est non seulement possible, mais elle est même nécessaire si l’on veut rester dans les limites planétaires.
Dans le présent rapport, le Rapporteur spécial explique les raisons pour lesquelles cette transition est nécessaire et ce à quoi elle pourrait ressembler.
Extrait :
… L’économie sociale et solidaire comprend les entreprises qui reposent sur « la primauté de l’humain et de la finalité sociale sur le capital en ce qui concerne la répartition et l’utilisation des excédents et/ou des bénéfices, ainsi que des actifs ». Ces entreprises produisent des biens et fournissent des services afin de remplir leur mission sociale, telle qu’elle est définie par leurs membres . Leur objectif n’est donc pas de rémunérer les investisseurs, mais de répondre aux besoins de la communauté. Les entreprises de l’économie sociale et solidaire ne peuvent pas redistribuer de dividendes aux actionnaires ou sont strictement limitées dans leur capacité de rémunérer les investisseurs. Elles développent un « capital patient », qui décourage les gains à court terme et ne permet pas l’accumulation de richesses ni la spéculation financière. Tout excédent généré sera soit réinvesti dans l’entreprise, soit implicitement réaffecté, par exemple par l’intermédiaire de sa politique d’achat ou de vente. En outre, la gouvernance des entreprises de l’économie sociale est démocratique : plutôt que de lier les droits de vote au montant du capital investi, chaque actionnaire dispose généralement d’une voix, et la plupart des actionnaires ont un double rôle : investisseur-travailleur, investisseur-consommateur voire investisseur-fournisseur. Le mode de prise de décision démocratique fait que les décisions stratégiques de l’entreprise ne serviront pas à maximiser le profit, mais à promouvoir les intérêts de ses membres et/ou l’intérêt général. Contrairement aux entreprises à but lucratif, pour lesquelles la croissance est impérative afin d’attirer les investisseurs, et dont les profits dépendent de pratiques commerciales extractives (puisqu’elles sont censées gagner plus qu’elles ne donnent), les entreprises de l’économie sociale et solidaire peuvent ainsi dissocier la viabilité économique de l’impératif de croissance…
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