Au moment où Claude Alphandéry nous quitte et que Benoit Hamon prend la présidence de ESS France[1]ESS France : les 4 défis de la présidence de Benoît Hamon, 24 avril 2024, en lieu et place de Jérôme Saddier, il nous semble important de rappeler la tribune : Economie sociale et solidaire : sortir de l’impuissance politique !, publiée par l’Institut ISBL en octobre 2020 et partagée sur le blog Alternatives Economiques de Michel Abhervé.
Extrait :
« Opérer un tournant dans sa pensée politique, c’est convaincre les tenants de l’ESS que la confrontation politique est inévitable si elle veut véritablement réussir les ruptures paradigmatiques qu’elle appelle de ses vœux depuis plusieurs décennies maintenant. Pour rompre avec ce fatalisme de l’échec, l’ESS devra prioritairement montrer l’unicité de sa démarche (organisation d’une grève générale symbolique de l’ensemble des composantes de l’ESS pour montrer à nos concitoyens son unité et sa diversité – présentation de représentants communs aux élections prud’homales, etc). Elle devra non seulement résoudre la question de l’effectivité pratique de ses modes d’action mais également instaurer sa propre temporalité politique qui ne soit plus dépendante des actions de l’État, essayer de surprendre et d’imposer son propre rythme politique et non pas simplement réagir à chaque annonce gouvernementale qui lui est défavorable. Elle va probablement devoir (re)construire un imaginaire susceptible de séduire un électorat majoritaire et éviter d’en être dépossédé, identifier les forces politiques les mieux à même de le représenter à défaut se représenter elle-même dans le jeu politique. Elle doit investir les cercles du pouvoir, infiltrer l’appareil d’Etat, conquérir les institutions là où les véritables décisions de changement sont possibles. Elle doit faire émerger des thèmes nouveaux (revenus universels ou TZCLD par exemple) afin de lutter contre les forces conservatrices qui paralysent son action. Elle doit systématiquement soutenir les formes d’action directe entrant dans son giron (désobéissance civile ou lanceurs d’alerte), au besoin en utilisant le droit comme un instrument d’action et de changement. Enfin, et sans que cette liste ne soit exhaustive, elle doit lutter pied à pied contre toutes formes de mensonge, de désinformation et de tromperie actuellement organisée par l’establishment (la solidarité coûte un « pognon de dingue », l’ESS ne vit que grâce aux financements publics, mesure d’impact, etc) mais également s’organiser afin de se prémunir contre tout amalgame et tentative de banalisation de son action.
Parce que, depuis plusieurs décennies maintenant, l’ESS doit nécessairement (ré)interroger ses stratégies, ses modes d’action et les manières concrètes de résister. Ce n’est qu’à ce prix qu’elle peut espérer devenir puissante politiquement et ainsi préserver toutes chances d’inverser le cours des évènements qu’elle dénonce. »
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En savoir plus :
Le « Buzz in ESS » du Social Business !, Pascal Glémain, éditorial ISBL magazine, avril 2023
Moins de politique, plus d’action ?, Pierre Liret, Institut ISBL, février 2024
Pourquoi penser en stratège est vital pour l’ESS ?, Christian Oyarbide, Institut ISBL mars 2024
ESS France : les 4 défis de la présidence de Benoît Hamon, 24 avril 2024
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