Sous l’effet conjugué du désengagement de l’Etat et de la hausse de la demande de services « sociaux », nombre d’entreprises ont investi le secteur social, jusqu’ici occupé par les services publics et les associations.

Monsieur Bissardon, directeur de l’association Nationale « Temps Jeunes », nous parle des avantages et des difficultés liés au statut associatif dans le secteur des colonies de vacances. A la désignation, plutôt commerciale, de « séjours de vacances pour enfants » ou plutôt juridique, d’« accueil collectif de mineurs », Jean-Claude Bissardon préfère le terme « colos ». C’est une façon d’insister sur les fondements sociaux de son association (1).

Aussi, la primauté des valeurs sociales sur la logique marchande est-elle le premier avantage lié au statut associatif : les décisions du conseil d’administration, entièrement composé de bénévoles, sont prises d’abord en vertu du double principe de projet éducatif et de mixité sociale. Paradoxalement cette caractéristique est le meilleur argument de vente de la colonie « Temps Jeunes », présentée comme « un produit porteur de sens » (source : édito de la brochure des colos 2011). L’association tire également avantage du profil de salariés qu’elle attire : ses 35 employés permanents sont aussi des militants. La gestion du personnel s’en trouve largement facilitée. Financièrement, Temps jeunes bénéficie, comme toute association, du régime fiscal de faveur et injecte l’ensemble de ses excédents dans des investissements utiles au projet collectif : elle peut donc offrir des prestations de qualité à un prix accessible au plus grand nombre.

Cependant, sur un secteur fortement concurrentiel, l’association ne joue pas toujours à armes égales avec sa rivale l’entreprise. Vis-à-vis du grand public ou d’acheteurs professionnels privés tels que les comités d’entreprise, l’association ne peut pas, par exemple, se faire « publiquement re-connaître », en application du principe d’interdiction de publicité. Pour Temps Jeunes, le simple référencement de son site Internet a été source de contentieux avec des concurrents privés. Vis-à-vis d’acheteurs publics, l’association doit être en capacité de répondre aux procédures d’appel d’offres. Elle doit donc, comme toute entreprise , se doter de services commerciaux innovants et de services juridiques solides. L’association est donc contrainte à utiliser les mêmes armes que l’entreprise tout en ayant une autre finalité et cette particularité peut la fragiliser. Sur les secteurs d’activité à but social, l’association mérite donc un arsenal juridique renforcé.

Elodie LESTRAT, consultante

En savoir plus :  www.temps-jeunes.com






Notes:

[1] « Temps Jeunes » est une association créée en 1988, de la volonté de militants convaincus du rôle social et éducatif des « colos ». La colo fait en effet partie de ce troisième lieu de sociabilisation et d’éducation de l’enfant, après la famille et l’école. Aujourd’hui, Temps Jeunes continue de développer, avec enthousiasme, la « colo du 3ème millénaire » (Temps Jeunes a réalisé en 2000, avec le CREDOC, une étude qui portait sur les attentes des enfants et des parents) en proposant des activités porteuses de sens et aux prises avec les grandes questions de notre société, comme la citoyenneté ou le respect de l’environnement. Ainsi, Temps Jeunes se situe parmi les 10 premiers acteurs de séjours de vacances pour les mineurs sur le segment du tourisme social et associatif (l’association accueille chaque année 10 000 « 6-17 ans », dans un secteur qui compte un million d’enfants, selon le Ministère Jeunesse et Sports, qui partent seuls, soit un sur 10 en colo.). Et Temps Jeunes est la première association nationale, sur son secteur, à être certifiée ISO 9001. Pour en savoir plus : www.temps-jeunes.com

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